
Le dossier judiciaire de l’ancien sénateur Nenel Cassy, refait surface au parquet de Port-au-Prince après plusieurs semaines de controverse. Arrêté le 2 août 2025 par la Direction Centrale de la Police Judiciaire à Pétion-Ville, l’ancien élu avait été libéré à l’issue de son audition au parquet, suscitant de vives réactions au sein de l’opinion publique.
Recherché depuis février 2025, Nenel Cassy faisait l’objet d’un avis de recherche de la DCPJ pour complot contre la sûreté intérieure de l’État, financement d’organisations criminelles, complicité d’assassinat et association de malfaiteurs.
Le 19 août, après plusieurs heures d’interrogatoire, le commissaire du gouvernement de l’époque, Me Frantz Monclair, avait décidé de remettre en liberté l’ex-sénateur, considérant que les charges présentées n’étaient pas suffisamment étayées pour justifier une détention prolongée. Cette décision avait provoqué l’indignation d’une partie de la société civile, qui dénonçait un signe supplémentaire de l’impunité des élites politiques.
Dans la foulée, le ministère de la Justice a sanctionné Me Monclair, le plaçant en disponibilité sans solde pour faute administrative grave, une mesure largement interprétée comme une conséquence directe de son traitement du dossier.
Face aux critiques, la DCPJ a été formellement dessaisie du dossier, désormais placé sous la responsabilité du parquet de Port-au-Prince. Cette étape marque une reprise en main judiciaire visant à examiner à nouveau les accusations et à décider d’éventuelles suites à donner, notamment l’ouverture d’une instruction formelle.
Pour de nombreuses organisations de défense des droits humains, comme la Fondation Je Klere, la libération rapide de Cassy et l’absence de mesures judiciaires concrètes constituent un scandale monstrueux et traduisent une instrumentalisation politique de la justice. Elles craignent que cette réorientation du dossier vers le parquet n’aboutisse à un simple classement sans suite, renforçant ainsi le sentiment d’impunité qui mine la gouvernance en Haïti.
L’affaire Nenel Cassy illustre une fois de plus les tensions entre justice, politique en Haïti. Alors que le parquet de Port-au-Prince détient désormais le dossier, l’opinion publique reste suspendue à ses prochaines décisions. La manière dont cette affaire sera traitée constituera un test décisif pour la crédibilité du système judiciaire face aux accusations de collusion.