
Situé à l’entrée ouest de la baie du Cap-Haïtien, Fort Picolet se dresse encore aujourd’hui comme un témoin silencieux du passé militaire et stratégique d’Haïti. Construit au XVIIIe siècle par les colons français, ce fort avait pour mission principale de protéger la ville du Cap-Français actuelle Cap-Haïtien contre les attaques maritimes ennemies.
Au cours de la période coloniale, le Cap-Français était considéré comme la « perle des Antilles » et représentait un centre économique majeur de la colonie de Saint-Domingue. Pour sécuriser ce port vital, les Français érigèrent plusieurs fortifications le long de la côte, dont Fort Picolet. Avec ses canons pointés vers l’océan, il permettait de contrôler l’accès maritime et de repousser d’éventuelles incursions.
Construit en pierres massives, avec des murs épais et des emplacements stratégiques pour l’artillerie. Sa position en hauteur lui offrait une vue imprenable sur la mer des Caraïbes, permettant aux soldats de surveiller toute tentative d’invasion. Comme beaucoup d’ouvrages militaires de l’époque, il combinait solidité et fonctionnalité.
Aujourd’hui, Fort Picolet n’a plus la splendeur d’antan. Abandonné et peu entretenu, il subit l’usure du temps et l’érosion naturelle. Pourtant, ce vestige demeure une pièce maîtresse du patrimoine haïtien. Il attire des visiteurs curieux, des chercheurs, des touristes, ainsi que des passionnés d’histoire, désireux de se plonger dans les récits du passé.
Au-delà de son rôle militaire, Fort Picolet incarne la mémoire d’une époque marquée par les luttes coloniales et les rivalités internationales. Il rappelle également la place centrale qu’occupait le Cap-Haïtien dans l’histoire d’Haïti et des Caraïbes. Sa mise en valeur pourrait constituer un atout culturel et touristique important pour la région.
Fort Picolet, Fort Liberté, Fort Jacques ou encore la majestueuse Citadelle la ferrière représentent bien plus que de simples ruines. Ils sont les témoins de l’histoire coloniale, des luttes pour la liberté et du génie architectural des générations passées. Pourtant, beaucoup de ces sites se trouvent aujourd’hui en état de dégradation avancée. La responsabilité de leur sauvegarde incombe en grande partie à l’État.
Les forts pourraient devenir des pôles de tourisme culturel en Haïti. La mise en place de circuits touristiques, de centres d’interprétation et de services d’accueil contribuerait non seulement à préserver ces sites, mais aussi à générer des revenus pour leur entretien.
Les forts d’Haïti ne sont pas seulement des vestiges de pierre, ce sont des symboles vivants de l’histoire, de la résistance et de l’identité nationale. Leur sauvegarde ne peut attendre. L’État, en partenariat avec les communautés locales et les organismes internationaux, a le devoir d’agir de manière urgente et durable pour restaurer, protéger et valoriser ces monuments. Préserver les forts historiques, c’est non seulement honorer la mémoire des générations passées, mais aussi offrir aux générations futures un patrimoine riche et porteur d’espoir pour le développement culturel et touristique du pays.